dimanche 4 octobre 2015

La blague Turkménistan

     Achgabat est une des villes les plus belles que j’ai eu l’occasion de visiter jusqu’alors. Lorsque l’on arrive d’Iran et traverse les avenues principales, une impression de richesse se dégage. Ici tout est beau, tout est propre, que des voitures récentes et plutôt luxueuses, les immeubles en marbre blanc côtoient les bâtiments présidentiels aux coupoles dorées ou vertes.





Bâtiments présidentielles et du gouvernement

     Tout est magnifique, mais en surface seulement. Lorsque l’on gratte un peu, on se rend vite compte que la réalité pour les habitants est tout autre. Lors de mon séjour de 3 jours à Achgabat, je serais hébergé par un Turkmène faisant ses études en Turquie. Actuellement en vacances et de retour dans son pays, il m’accueille chez ses parents. Dans une pièce de l’appartement, un calendrier avec en première page le Président du Turkménistan debout face à son bureau. Je tourne les pages : janvier : le président fait du hockey sur glace. Février : le président fait du quad. Mars : le président fait de l’équitation… A chaque mois son sport pour le président. « Nous le laissons car c’est le seul calendrier que nous avons. » se justifie mon hôte. Lors de mes promenades dans le centre-ville, je m’aperçois vite du culte de la personnalité bâtie autour du président.

Statue du Président, Gurbanguly Berdimuhamedow

     Lors de l’éclatement de l’URSS, Saparmourat Niazov est proclamé président du Turkménistan et Père du pays (Turkmenbashi.) Il a alors bâti la société turkmène autour de sa personne allant même jusqu’à rebaptiser le nom des mois du calendrier avec le prénom de ses parents. A son décès, Berdimuhamedow, alors ministre a été choisi président par intérim puis a été élu à 89 % des voix. Tout naturellement , il a remplacé les statues de son prédécesseur par les siennes.

Même les montres sont à l'effigie du président

     Je suis allé me promener du côté des bâtiments du gouvernement. Les présences militaire et policière sont hallucinantes et à l’inverse, aucun citoyen ne se promène dans ces rues. La seule personne qui n’est pas un policier ou militaire que je croise est un Français. Il est venu au Turkménistan avec un visa touristique et est donc accompagné d’un guide (pour ma part je n’ai qu’un visa de transit de 5 j. le visa touristique étant trop cher.) Cependant il a dû fausser compagnie à ce dernier car l’agence de voyage lui interdit de se promener dans ce quartier. Toutes les rues sont équipées de tunnels pour passer en dessous de celles-ci. Le tunnel étant quelques mètres plus loin et le trafic étant quasiment inexistant je tenterais de traverser la rue, mais me ferais siffler par un policier.

Un simple rond-point de l'avenue présidentielle

     Si les voitures sont neuves ce n’est pas parce que tout le monde est riche, mais parce que les voitures trop anciennes sont interdites. Cela ferait surement mal vu si le peu d'étrangers venant au Turkménistan voyait cela. « Certains parmi la classe plus pauvre ont une voiture, mais doivent la laisser au garage, ils n’ont pas le droit de l’utiliser, car trop vieille. » me précise mon hôte.



     En règle générale, j’ai trouvé les rues très calmes et désertes. Seuls les abords des bazars sont animés. Lorsque l’on s’éloigne des avenues principales on s’aperçoit que certains immeubles sont très anciens. On peut passer en 50 mètres des Champs Elysées à des blocs de béton rappelant l’ancienne appartenance du pays à l’URSS.


Les femmes sont vêtues de leurs habits traditionnels très colorés

Habit des écolières



     J’écris mes articles lors de mes temps libres sur une ou plusieurs semaines. Lors de la période d’écriture de cet article, alors en Ouzbékistan, j’ai eu l’occasion de faire une brève présentation de mon projet à une classe d’étudiants turkmènes. Ils étudient dans la ville de Kasan (Ouzbékistan) et sont originaires d’Ashgabat. Une étudiante m’a alors demandé ce que je « pensais d’Ashgabat et du Turkménistan. » Que répondre sans froisser les étudiants devant moi ? La vérité est impossible à dire dans ce cas-là. Quelle attitude dois-je adopter aussi face au professeur ouzbèke, dont le pays, bien qu’étant dans une situation différente du Turkménistan, a un niveau de démocratie équivalent ? Après un long blanc, j’ai alors répondu de manière assez maladroite que « j’ai été étonné de la forte présence militaire et policière dans le pays. » La professeure voyant la tournure de ma réponse a aussitôt enchaîné sur une autre question.

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