Achgabat est une des villes les
plus belles que j’ai eu l’occasion de visiter jusqu’alors. Lorsque l’on arrive
d’Iran et traverse les avenues principales, une impression de richesse se
dégage. Ici tout est beau, tout est propre, que des voitures récentes et plutôt
luxueuses, les immeubles en marbre blanc côtoient les bâtiments présidentiels
aux coupoles dorées ou vertes.
Bâtiments présidentielles et du gouvernement |
Tout est magnifique, mais en surface
seulement. Lorsque l’on gratte un peu, on se rend vite compte que la réalité
pour les habitants est tout autre. Lors de mon séjour de 3 jours à Achgabat, je
serais hébergé par un Turkmène faisant ses études en Turquie. Actuellement en
vacances et de retour dans son pays, il m’accueille chez ses parents. Dans une
pièce de l’appartement, un calendrier avec en première page le Président du
Turkménistan debout face à son bureau. Je tourne les pages :
janvier : le président fait du hockey sur glace. Février : le
président fait du quad. Mars : le président fait de l’équitation… A chaque
mois son sport pour le président. « Nous le laissons car c’est le seul
calendrier que nous avons. » se justifie mon hôte. Lors de mes promenades
dans le centre-ville, je m’aperçois vite du culte de la personnalité bâtie autour
du président.
Statue du Président, Gurbanguly Berdimuhamedow |
Lors de l’éclatement de l’URSS, Saparmourat Niazov est proclamé président du Turkménistan et Père du pays (Turkmenbashi.) Il a alors bâti la société turkmène autour de sa personne allant même jusqu’à rebaptiser le nom des mois du calendrier avec le prénom de ses parents. A son décès, Berdimuhamedow, alors ministre a été choisi président par intérim puis a été élu à 89 % des voix. Tout naturellement , il a remplacé les statues de son prédécesseur par les siennes.
Je suis allé me promener du côté
des bâtiments du gouvernement. Les présences militaire et policière sont hallucinantes
et à l’inverse, aucun citoyen ne se promène dans ces rues. La seule personne
qui n’est pas un policier ou militaire que je croise est un Français. Il est
venu au Turkménistan avec un visa touristique et est donc accompagné d’un guide
(pour ma part je n’ai qu’un visa de transit de 5 j. le visa touristique étant
trop cher.) Cependant il a dû fausser compagnie à ce dernier car l’agence de
voyage lui interdit de se promener dans ce quartier. Toutes les rues sont
équipées de tunnels pour passer en dessous de celles-ci. Le tunnel étant
quelques mètres plus loin et le trafic étant quasiment inexistant je tenterais
de traverser la rue, mais me ferais siffler par un policier.
Si les voitures sont neuves ce n’est pas parce que tout le monde est riche, mais parce que les voitures trop anciennes sont interdites. Cela ferait surement mal vu si le peu d'étrangers venant au Turkménistan voyait cela. « Certains parmi la classe plus pauvre ont une voiture, mais doivent la laisser au garage, ils n’ont pas le droit de l’utiliser, car trop vieille. » me précise mon hôte.
Un simple rond-point de l'avenue présidentielle |
Si les voitures sont neuves ce n’est pas parce que tout le monde est riche, mais parce que les voitures trop anciennes sont interdites. Cela ferait surement mal vu si le peu d'étrangers venant au Turkménistan voyait cela. « Certains parmi la classe plus pauvre ont une voiture, mais doivent la laisser au garage, ils n’ont pas le droit de l’utiliser, car trop vieille. » me précise mon hôte.
En règle générale, j’ai trouvé les rues très calmes et désertes. Seuls les abords des bazars sont animés. Lorsque l’on s’éloigne des avenues principales on s’aperçoit que certains immeubles sont très anciens. On peut passer en 50 mètres des Champs Elysées à des blocs de béton rappelant l’ancienne appartenance du pays à l’URSS.
J’écris mes articles lors de mes temps libres sur une ou plusieurs
semaines. Lors de la période d’écriture de cet article, alors en Ouzbékistan,
j’ai eu l’occasion de faire une brève présentation de mon projet à une classe
d’étudiants turkmènes. Ils étudient dans la ville de Kasan (Ouzbékistan) et
sont originaires d’Ashgabat. Une étudiante m’a alors demandé ce que je « pensais
d’Ashgabat et du Turkménistan. » Que répondre sans froisser les étudiants
devant moi ? La vérité est impossible à dire dans ce cas-là. Quelle
attitude dois-je adopter aussi face au professeur ouzbèke, dont le pays, bien
qu’étant dans une situation différente du Turkménistan, a un niveau de
démocratie équivalent ? Après un long blanc, j’ai alors répondu de manière
assez maladroite que « j’ai été étonné de la forte présence militaire et
policière dans le pays. » La professeure voyant la tournure de ma réponse
a aussitôt enchaîné sur une autre question.
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