Le 23 avril 2015, je lève le pouce au Tholy en début
d’après-midi. Ce sera ma dernière journée en France avant un long moment. Que
de chemin parcouru depuis. Pendant 2 mois ½ je parcours l’Europe. Des pays de
l’ex-Yougoslavie au pays des Balkans, mon coup de cœur est pour l’Albanie, un
pays à part dans l’Europe. Sa nature, ses gens et sa gastronomie dont ses
fameux byreks à 40 leks ont été une des
meilleures surprises de ma traversée de ce pays qui m’était inconnu avant de
partir.
Ces mois en Europe auront été riches en découverte.
Parc national de Plitvice en Croatie |
Bosnie-Herzégovine |
Bouzloudja, salle de congrès communiste bulgare lors de période communiste de la Bulgarie |
Après avoir levé le pouce dans 11 pays, je m’arrête en
Roumanie pour travailler dans une ferme pour la première fois de ce voyage.
C’est dans la ferme aux buffles de Krishan que je pose mes valises. L’isolation
d’une maison traditionnelle constitue le plus gros de notre travail.
Isolation d'une maison |
A peine 3 mois depuis le départ et la famille vient déjà me
rendre visite. Retour en Albanie, puis Grèce et Turquie. A leur départ
d’Istanbul, je rentre dans les terres turques et franchit ainsi le Bosphore, frontière naturelle entre l’Europe et l’Asie.
La Cappadoce et Pamukkale sont deux des merveilles que je
visite en Turquie. Parmi les rencontres les plus marquantes je retiens Aylin
qui m’a hébergé à Izmir via Couchsurfing et Omer rencontré dans la rue qui
m’invita chez lui et avec qui j’ai passé deux jours à visiter sa ville.
Cappadoce |
Prière du soir chez Omer |
Je rentre ensuite en Iran sans trop savoir à quoi
m’attendre. Tant de monde rencontré m’ont dit de faire attention, que c’était
dangereux. J’en rigole aujourd’hui. L’Iran est un des pays les plus surs que
j’ai eu à visiter. Je suis hébergé quasiment tous les soirs via CouchSurfing.
Mon sac est rempli de cartes de visite de personnes avec qui j’ai parlé 5
minutes et qui me disent toutes : "prends ma carte et appelle moi en
cas de problème."
Première nuit en Iran et première invitation à dormir chez l'habitant. Ned est guitariste de Heavy metal. Pas vraiment l'image-type de ce qu'on peut penser des Iraniens. |
Kebabs de poulet (brochettes) avec un chauffeur |
Le stop marche du tonnerre même si personne ne connaît le
principe. A chaque fois on m’emmène sur plus d’une centaine de km et on
m’invite à manger au restaurant. Je passe une semaine dans le nord du pays chez
Bezhad, à découvrir notamment l’agriculture de cette partie du pays.
Un de mes nombreux hôtes : Bezhad |
Pastoralisme |
L’Asie centrale se profile devant moi à la sortie de l’Iran.
Une traversée éclair du Turkménistan me permet de découvrir tout de même sa
capitale, Achgabat, et surtout la folie du Président, présent partout.
L'une des nombreuses statues du Président |
L’Ouzbékistan me plonge dans la route de la soie avec ces 3
merveilleuses villes : Khiva, Boukhara, et Samarkand.
Façade du Registan à Samarkand |
C’est cependant un tout autre visage que je découvre aussi
dans ce pays à travers la mer d’Aral – ou ce qu’il en reste. En Ouzbékistan on
s’aperçoit que l’Homme est capable du meilleur comme du pire.
Triste sort de la mer d'Aral |
Le Kirghizistan m’ouvre les portes de splendides paysages
montagneux. Le bazar d’Osh reste probablement le plus intéressant des nombreux
marchés que j’ai arpentés. Les coiffes et habits sont restés ici très
traditionnels. La route Osh – Bishkek est une des plus belles que j’ai faites
en stop, mais surtout la plus effrayante. Mon grand-père "fou" qui
ne voyait plus grand-chose n’hésitait pourtant pas à doubler avec sa
camionnette en plein virage. De grosses frayeurs pour ma part.
Transhumance des brebis sur la route d'Osh à Bishkek |
Cheval-stop à la foire aux bestiaux de Kosh Dobo |
Les complications de l’administration chinoise me font faire
un détour par le Kazakhstan pour y faire mon visa. Ce pays de l’ex-URSS ne
reste pas dans mes mémoires comme un des moments les plus excitants de ce
voyage. Au contraire, je m’ennuie plus qu’autre chose à Almaty.
Enfin en Chine, mi-novembre. Je traverse le Xinjiang et ai
un coup de cœur pour Turpan et sa gastronomie. Les ravioles de patates douces
resteront pour moi l’un des meilleurs plats que j’ai eu l’occasion de tester.
J’effectue ensuite ma plus longue distance en un jour en
stop : 1000 km d'une région désertique. Une des régions du monde que je souhaitais le
plus connaître se présente devant moi : le Tibet. Ne pouvant aller dans la
région autonome du Tibet à cause des restrictions imposées aux étrangers par le
gouvernement chinois, c’est la partie du Sichuan s’étendant sur le plateau
tibétain que je visiterais.
Tibétains tournant les moulins à prière |
Le summum de cette traversée de Nord au Sud reste le Larung
Gar, plus grand institut bouddhiste tibétain au monde. Je me souviendrais aussi
longtemps de ce trajet en auto-stop où j’ai passé la nuit dans un restaurant
dans un petit village entouré de moines tibétains.
Aperçu du magnifque Larung Gar |
Soirée en compagnie de moines tibétains dans un restaurant |
Après la visite de Chengdu et de son centre des pandas,
j’effectue mon second Help X chez Lin et sa ferme aux cochons. Je retiendrais
la nourriture exquise préparé par le chef et les discussions avec Lin sur la
politique chinoise et l’agriculture. Les taches à effectuer n’étaient
malheureusement pas passionnantes.
Panda au centre de recherche des pandas de Chengdu |
Ce voyage étant aussi une réflexion sur l’écologie et le
sens que veulent donner les Hommes à notre planète et à leur vie, je pars pour
Yichang et le barrage des 3 gorges. Ce monstre de béton montre à quel point
l’Homme est prêt à n’importe quoi pour assouvir le moindre de ces besoins. Au
détriment évidemment de la planète et de l’Homme lui-même.
La suite se passe en Asie du Sud-Est. Le Laos, tout d’abord, me permet de me familiariser – sans aucun mal – aux sourires caractérisant
cette partie de la planète (ou en tout cas de ce que j’en ai vu.) La douceur de
vivre est au rendez-vous : Beerlao, hamac, visites de temples bouddhistes
et de la nature encore partiellement intacte.
Auto-stop avec des Laotiennes |
C’est avec joie que je retrouve ma famille en Thaïlande. Le
hasard fait bien les choses : ils arrivent lors du nouvel an chinois.
A Bangkok, en famille |
Nous allons ensuite à la découverte du Nord du pays, du
triangle d’or (croisement des frontières laotienne, birmane et thaïlandaise) à
Chiang Mai. Evidemment je laisse le pouce dans la poche et fais même la folie
de prendre l’avion, première et unique fois en un an. Comme c’était en famille
on dira que cela ne compte pas.
A nouveau seul, je relève le pouce pour me diriger à nouveau
vers l’Ouest, Birmanie puis Inde. La Birmanie (ou actuellement Myanmar) est une
belle découverte. Avec leur longis et leurs joues recouvertes de Tanaka, cette
poudre dorée, tous les Birman-e-s semblent beaux. Le plus beau moment fut deux
jours passés avec des enfants dans un orphelinat, trouvé au détour d’une rue,
tenu par des moines bouddhistes. Je regrette de ne pas avoir pu rester plus
longtemps avec eux.
Enfants de l'orphelinat "Yellow Generation Wave" à Pathein |
L'heure du diner pour les plus petits... servis par les plus grands |
Mrauk-U fut aussi une sacrée belle surprise. Ces anciens
temples valent une visite. Les routes n’étant pas en très bon état, le temps de
trajet est assez long dans ce pays.
Temple de Mrauk-U |
L’Inde, mon 24ème pays où j’ai fêté mes 1 an de
voyage. En venant de Birmanie, je fais une pause en Inde du Nord-Est, à Imphal,
chez Aarti. Encore une belle rencontre, elle me présente à ses amis et j’arrive
au moment du nouvel an indien, la fête des couleurs. Festival de musique,
danses traditionnelles, tout s’enchaine à merveille, c’est aussi chez elle que je fête mes 26 ans.
Fête des couleurs en Inde, fêté comme il se doit |
L’auto-stop s’avère compliqué et encore plus fatigant que
dans d’autres pays. Après 4 jours pour faire 1000 km j’arrive à Darjeeling dans
un état de fatigue comme j’en ai rarement connu.
Je découvre ici une nouvelle religion : l’Hindouisme.
Quoi de mieux que Vârânasî, ville sacrée au bord du Gange, pour se familiariser
avec celle-ci.
Sâdhu |
IMPRESSIONS
J’ai découvert de nombreuses cultures et fais de nombreuses
rencontres en un an. L’envie de découvrir est toujours là, les rencontres sont
toujours aussi intenses, que ce soit dans la rue ou en auto-stop. Je ne me
lasse pas de cela, l’envie d’apprendre est toujours plus forte, et je me rends
compte qu’on peut apprendre à chaque moment de sa vie, surtout en voyage où
tout s’enchaîne. Chaque pays, chaque religion, chacun de mes chauffeurs a
quelque chose à m’apporter.
Le moral est au beau fixe, malgré des hauts et des bas,
faut-il le dire. Les moments difficiles sont surtout associés à des moments où
physiquement cela va moins bien. En Birmanie, une infection au pied m’a
mis le moral dans les chaussettes (c’est le cas de le dire.) Une fois tout
rentré dans l’ordre, l’énergie du voyage reprend le dessus.
Pouce levé ou bras tendu, pour arrêter une voiture, le plus efficace est le sourire, Inde |
En Inde j’ai rencontré Andy et Lisa, voyageant eux aussi
depuis un an. En demandant à Andy après un an ce qu’il aimait dans le voyage,
sa réponse met un doigt sur quelque chose que je ne savais personnellement pas
réellement décrire : "J’aime la façon dont je change jour après jour." Il faut le dire, je pense avoir bien changé depuis être parti, même s’il est
difficile de s’en rendre compte. Le voyage est en quelque sorte une école de la
vie.
Dans la vie de tous les jours et aussi en voyage la notion de
temps est assez mystérieuse, passant rapidement parfois et plus lentement à
d’autres moments. J’ai l’impression que je suis parti il y a peu et pourtant
chaque jour passe relativement lentement. L’absence de routine, la nouveauté
qu’apporte chaque journée permet au temps de défiler à faible allure.
"Combien de temps penses-tu voyager ?", "quand
rentres-tu en France ?". Combien de fois ai-je entendu ces questions
depuis que je suis parti ? Au début, ne sachant pas trop quoi répondre, je
me contentais de dire que je pensais voyager 2 ans. Aujourd’hui, je n’en sais
rien et n’ai pas envie de me fixer d’objectif. Je pense que la motivation et
l’énergie seront les deux facteurs clés qui décideront combien de temps durera
le voyage. Si je dois reprendre une « vie normale » aujourd’hui, je
ne pense pas que cela soit trop difficile.
J’en parle assez peu dans ce blog car il s’agit avant tout
d’un blog de voyage, mais l’agriculture, domaine dans lequel je suis ingénieur,
m’intéresse toujours autant. En privilégiant souvent les campagnes, je
rencontre les paysans et m’intéresse toujours à leur façon de travailler, très
différente de la nôtre bien sûr. La barrière de la langue me fait
malheureusement souvent défaut pour aller plus loin dans l’échange. Je constate
sur le terrain et cherche plus d’informations sur le net par la suite. Je
m’intéresse aussi à d’autres façons de travailler comme la permaculture et
l’agriculture biologique. Tout cela est aussi sujet à réflexion sur mon avenir,
à court terme lors de ce voyage, mais aussi à plus long terme, lors de mon
retour en France – ou éventuellement mon installation dans un autre pays.
BUDGET
A mon départ, je souhaitais voyager à petit budget, et être
en dessous de la barre des 10 € par jour. Je suis aujourd’hui à 6,55 € / j. de
moyenne. Cela varie selon les pays, mais même dans les pays riches d’Europe
j’ai réussi à garder un budget en dessous des 10 €.
Coût moyen par jour et par pays. |
Ma plus grosse dépense concerne le logement. Parfois n’ayant
pas d’accès internet, je ne peux pas chercher de CouchSurfing à l’avance et
dors à l’hôtel. Environ la moitié de mes nuits ont été à l’hôtel, l’autre
moitié en grande partie chez l’habitant. Pour réduire cette dépense j’ai acheté
une tente en Thaïlande et voyage depuis avec. Cela ne m’a tout de même pas
permis de ne pas exploser le budget logement en Birmanie.
Camping en Inde au bord de l'eau |
J’ai dépensé en 1 an 2315 € pour les dépenses
quotidiennes (nourriture, logement, transport…) et 3250 € au total. L’assurance
(400 €), les frais de visa (430 €) et l’achat de la tente (65 €) représentent
la majorité de ces frais annexes.
AUTO-STOP
34 000 km de stop avec 428 chauffeurs pour une attente
totale de 163 heures. Si l’on ne compte pas les déplacements en Europe et en
Thaïlande avec la famille, 90 % de mes déplacements l’ont été grâce à mon
pouce. Dans seulement 2 pays sur 24, je n’ai pas fait de stop. La Grèce que
nous avons traversée en bus avec la famille et le Turkménistan. N’ayant qu’un
visa de transit de 5 jours pour ce pays et ayant passé 3 jours à Ashgabat, la capitale, j’ai
essayé le stop pendant plusieurs heures à une station-service, sans succès. Ce
pays est le dernier dans lequel je souhaitais me retrouver avec un visa expiré,
j’ai donc opté pour le taxi collectif.
A gauche : le chauffeur chinois qui m'a permis de faire mon plus long lift : 700 km ensemble |
Route où l'attente a été la plus longue : 6h, sur le plateau tibétain, Sichuan |
ET LA SUITE ?
J’adorerai aller jusqu’en Australie sans prendre l’avion. Faire
du bateau-stop depuis l’Indonésie ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée semble être
la meilleure option pour cela.
Depuis l’Inde où je suis, je compte visiter prochainement le
Népal, retourner en Inde, pourquoi pas aller au Bangladesh avant de retrouver
l’Asie du Sud-Est. La Birmanie et la Thaïlande seront pour sûr encore sur ma
route. Avant d’entamer la descente vers le Sud, peut-être visiterai-je le
Viêt-Nam et le Cambodge.
La Malaisie, l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée
seront les étapes suivantes avant l’Australie. Je sais que l’époque à laquelle
j’arriverais en Indonésie aura une grande influence sur la réussite ou non du
bateau-stop, mais là encore je ne souhaite pas m’imposer de date précise et
souhaite garder une liberté dans le temps, quitte à devoir prendre l’avion
faute de bateau. Une fois en Australie, je compte me poser et trouver du
travail grâce au visa PVT (permis vacances travail.)
Et après l’Australie ? InShallah, Dieu seul sait.
"Vivez comme si vous deviez mourir demain, apprenez comme si vous deviez vivre toujours" Bouddha |
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