jeudi 8 septembre 2016

Histoires de...

     Restant plus longtemps en Inde que dans les autres pays, je ne ferais pas un article détaillé comme j'ai l'habitude de faire. Plusieurs articles sont à paraître dont celui-ci qui regroupe plusieurs anecdotes qui me sont arrivées. 

HISTOIRE DE FÊTES

     Dès mon arrivée, mon passeport pas encore tamponné, que je me vois accosté par des Indiens qui me recouvrent de peintures de toutes les couleurs. En effet, j'arrive au moment du nouvel an indien le "Holly Festival" aussi connu sous le nom de la fête des couleurs. 



   Cette fête de plusieurs jours, je la passerais à Imphal, la capitale de l'Etat de Manipur en CouchSurfing chez Arti et en compagnie de ses amis. Un concert de rock est notamment organisé pour présenter de jeunes talents et j'aurais ainsi l'honneur de monter sur scène pour présenter certains groupes.






Dans l'Etat de Manipur, les habitants ressemblent physiquement plus aux Birmans qu'aux Indiens.
     J'aurais aussi la chance de fêter mon anniversaire avec ce groupe d'amis, où nous serons invité à une soirée privée. Je ne pouvais rêver un meilleur anniversaire, le premier sur la route. L'alcool est théoriquement interdit dans l'Etat de Manipur, c'est donc tout naturellement que nous irons acheter une bouteille de Whisky... à la caserne militaire.

     Le dernier jour du Holly festival est le jour où les jeunes s'amusent à se jeter de l'eau. En scooter, avec Arti, nous n’échapperons évidemment pas à cette coutume. Un étranger et une fille sur un scooter, on peut dire que les jeunes se sont fait un plaisir de nous verser quelques sceaux d'eau sur la tête.

HISTOIRE D'UN PREMIER TRAJET EN STOP

     1000 km pour commencer. D'Imphal - proche de la frontière - où je suis resté quelques jours, à Darjeeling mon premier long trajet en stop ne sera pas de tout repos, bien au contraire. Je planterais la tente à minuit le premier soir pour la remballer à 6h après que quelques personnes matinales m'aient découvertes. Après une soirée à l'hôtel, la troisième sera passée dans la remorque d'un camion vide qui m'a pris en stop. 

   L'Etat d'Assam n'est pas le plus peuplé, de loin, mais a tout de même une densité de 400 habitants/km². Entre les Indiens qui m'appellent de la main ou qui me crient dessus pour que j'aille les voir ou ceux qui se placent devant moi à me regarder faire des signes aux voitures, faire du stop n'est pas de tout repos. Tout est nouveau, je regarde partout, je réponds à tous les gens qui m'interpellent. Le bruit est omniprésent, que ce soit à l'extérieur avec des camions klaxonnant à tout va ou dans les voitures où la musique est souvent très forte avec des chanteuses à la voix si aigu qu'on s'en taperait la tête contre un mur.

     Le résultat est, qu'après 3 jours et demi de stop pour faire 1000 km, j'arrive à Darjeeling dans un état de fatigue que je n'avais pas encore connu dans ce voyage. Je me questionne, je réfléchis à savoir si j'arriverais à faire du stop ou même à voyager dans ce pays. On dit souvent que des voyageurs arrivant en Inde repartent après une semaine, je dois dire que j'ai eu peur de faire parti de cela.

Peu de monde sur cette Highway, mais tout le monde roule à contre-sens.

Un de mes chauffeurs qui m'offrira un lift de 350 km.



     Par la suite, je me forcerais à marcher avec des œillères et - malheureusement - ne pas être trop attentif à tout ce qui m'entoure.

HISTOIRE DE COMMISSARIAT

     Trouver où planter sa tente en Inde n'est pas toujours facile et encore moins dans le Bihar, l'Etat le plus densément peuplé de l'Inde, 1 100 habitants / km². Dans un petit village proche de la Highway où j'avais fait du stop, je rencontre des jeunes. Après avoir discuté avec eux, je leur annonce que je souhaite planter ma tente quelque part. Un des jeunes m'invite chez lui, puis revient sur sa décision. Nous sommes dehors et comme à chaque fois en Inde, dès qu'il se passe quelque chose un attroupement se forme et des dizaines de personnes m'entourent. Je me sens moins à l'aise et décide donc de m'éloigner d'eux et trouver par moi-même un emplacement où camper.

     Quelqu'un me rappelle alors et m'invite chez lui. Sa maison et son jardin sont assez grands, je ne comprends pas trop si je peux planter ma tente dans son jardin où s'il m'invite à dormir à l'intérieur. Bien évidemment tout l'attroupement nous suit jusque la terrasse de mon nouvel hôte, qui se retrouve pour le coup, non avec un seul invité, mais aussi avec une trentaine de villageois. Il parle bien anglais, je lui explique un peu mon voyage, mais il passe plus de temps à parler en Hindi avec les villageois, tous les regards tournés vers moi.

     C'est alors qu'arrivent... cinq policiers, dont deux armés de fusils d'un mètre... Y-a-t-il un criminel parmi la trentaine de personne qui m'entoure? Mon hôte se lève, les salue, et m'annonce :
"voila, ils vont résoudre tout tes problèmes, ils vont te trouver un endroit où dormir!!!"
Car forcément en Inde, si tu fais quelque chose qui sort de l'ordinaire, c'est que tu as un problème. Mon hôte a ainsi appelé la police pour m'aider sans m'en prévenir. La surprise passée, je suis plutôt amusé par cette situation. Le chef de la police me pose quelques questions, en Hindi, traduit par mon hôte. On m'annonce que j'irais dormir au poste de police. Sur place on me désigne une dalle de béton où dormir. Je demande si je ne peux pas plutôt mettre ma tente sur un coin d'herbe : "Oh non, il y a plein d'insectes, comme des serpents!!!" (je savais pas que les serpents étaient des insectes.) Je n'insiste pas et dors sur la dalle avec une dizaine de policiers discutant autour. Probablement la nuit la plus originale depuis le début de ce tour du monde.

Et tout le monde n'est pas sur la photo, il en a encore sur les côtés. Au centre mon hôte et son fils. On remarque aussi l'absence totale de femme.

Histoire de harcèlement :

     Les conducteurs de Rickshaws et autres vendeurs et rabatteurs de boutiques ou restaurants sont relativement insistants en Inde. Dans certaines villes, cela prend des proportions que je n’imaginais pas possible. La médaille d’or revient à Varanasi. Impossible de faire 10 mètres sans se voir proposer du shit, des tours en Rickshaws, des tours en bateaux… et si vous ne répondez pas ils vous suivent sur 100 mètres.

     Ils vous appellent “my friend” ou “my brother” mais ces rapaces ne sont intéressés que par l’argent des touristes. Toutes les personnes venant vous parler le font à dessein, à tel point que j’ai fini par envoyer « bouler » tous ceux qui essayaient de m’approcher avant même qu’ils me parlent. Varanasi est le genre de ville surpeuplée, mais avec laquelle on est totalement coupée de la population. Ces gens m’ont fait détester cette ville.

Varanasi

"Hi my friend, excuse me you want boat tour? Very cheap, amazing boat tour. Eh my friend for you very cheap. Boat tour on the Ganga very beautiful. Good view of Varanasi" 


Histoire de maladies :

     J’étais prévenu : « l’Inde est un des pays où tu as le plus de risques de tomber malade » m’a-t-on dit à de multiples reprises. A Varanasi – comme si cette ville ne m’avait pas assez déplu jusque-là – je passerais 4 jours au lit après une intoxication alimentaire. Vidé de toute énergie, je prendrais le train pour aller à Agra.

     Je serais à nouveau malade en Inde du Sud, pendant une quinzaine de jours dont une semaine au lit avec une grosse fièvre. Je me rendrais 2 fois à l’hôpital pour faire des examens sanguins pour le paludisme puis la fièvre typhoïde. Aucune de ces 2 maladies n’aient détectées, je guérirais après avoir ingurgités une bonne dose de médicaments.

Histoire d'arnaques :

     Outre le harcèlement (voir ci-dessus) l’Inde est championne toute catégorie de l’arnaque. Il y a des petites arnaques : les ados qui te proposent de te faire le tour de la ville et où tu n’auras qu’à payer l’essence mais cela s’élèvera toute de même à 500 Rs (7€) pour 50 km (« je crois que tu devrais faire vérifier ta bécane car elle doit surconsommer un peu !!! »)

     Autre exemple : la personne qui sympathise avec toi puis finis par te demander de l’argent pour son orphelinat car il est très investit dans le social. On me proposera de « visiter » un orphelinat, juste pour jeter un œil et discuter avec les enfants. Cinq minutes après être entré dans un bâtiment où il y a trois pièce, après avoir vu quelques enfants – probablement du voisinage – un livre avec écrit en grosse lettre « DONATION BOOK » apparait comme par magie. 
« On a besoin d’aide financière, c’est pas facile on doit nourrir les enfants. Si tu nous donnes 500 Rs on pourrait aller acheter plusieurs kg de riz. »
Pour tester leurs réactions je propose d’acheter moi-même le riz et de revenir le lendemain matin. 
« Ce serait plus simple si tu nous donnais du cash, on sait quoi acheter. »
Toute cette discussion avec des enfants de moins de 10 ans te regardant d’un air suppliant. Je m’éclipserais sans demander mon reste en me disant que je suis bien naïf pour me retrouver dans cette situation.

     Loin de moi le fait de dire que tous les orphelinats sont des faux. Là est d’ailleurs le plus triste, essayé de soutirer de l’argent en utilisant ce genre de méthode honteuse. Ne sachant plus vraiment lesquels sont vrais ou faux, on finit par ne plus donner du tout.

     Ces arnaques se résument à quelques dizaines d’euros. J’ai probablement été approché pour une arnaque où cette fois, le montant peut se chiffre à quelques milliers d’euros. Au Népal, je suis accosté par des Indiens. Ils sont 5 ou 6, travaillent pour une société indienne qui vend de l’or et sont en vacances, celles-ci payés par leur patron (sympa le boss…) Ils ont de l’argent, beaucoup d’argent et le répètent d’ailleurs souvent. Nous sympathisons et je suis invité à boire une bière, puis rapidement à rester pour la nuit, et même toute la semaine si je le souhaite. Nous passons la soirée à jouer aux cartes et à boire. Je ne paye rien car ils ont suffisamment d’argent pour m’inviter. Je décide de rester une journée de plus mais doit partir le lendemain.

     C’est à ce moment que la machine se met en route, on commence à parler « business ». On m’explique que l’entreprise peut vendre une partie de son or à l’étranger sans être taxé, puis une partie taxée. Ensuite s’en suit des pénalités au-delà d’une certaine quantité d’or. Pour éviter cela ils utilisent des intermédiaires étrangers comme moi.

"On te propose d'envoyer un colis à ton nom en Australie (je leur avais dit que je souhaitais rejoindre ce pays prochainement), on te paye le billet d'avion pour aller là-bas, tu récupères le colis et le redonnes aux membres de notre société sur place. On te paye aussi 20 % de la valeur totale de l'or car tu nous a évité de payer des taxes et pénalités."
     Quelle proposition très alléchante. Mais forcément il aura "une couille" quelque part. Une fois le colis supposément envoyé et avant que vous ne preniez l'avion, un membre de l'équipe vous appelle et se fait passer pour un douanier. Il vous soupçonne de fraude et vous avez 24 h pour fournir une preuve d'achat de votre bien. Vos nouveaux copains (ceux travaillant pour l'entreprise) vous mettent la pression :
"Si tu payes pas la valeur des bijoux on va tous finir en prison, toi y compris"
     Une fois la somme payée, les touristes pris au piège prennent l'avion payé par les arnaqueurs pensant retrouver la marchandise dans leur pays et se faire rembourser la somme dépenser. Ils découvrent l'arnaque une fois : pas de colis, plus aucun moyen de contacter les personnes car celles-ci ont changés de numéros de téléphone, sans aucun moyen d'agir et avec quelques milliers de dollars en moins sur leur compte.

     Pour ma part, je suis toujours sur mes gardes dès que ça parle Argent. A peine leur discours de présentation commencé, que je me remémore un article où un Canadien à perdu 12 500 $ avec cette arnaque (voir l'article ici.) J'inventerais un prétexte pour leur fausser compagnie le jour-même. Dans mon cas l'arnaque se soldera donc par m'être fait payer des bières et deux repas et avoir été logé gratuitement. Je ne m'en sort pas trop mal. Ce qui me surprend le plus c'est la façon dont en un jour ils arrivent à te mettre en confiance grâce à leur sympathie. Ces gens-là sont de véritables acteurs.

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